Poésie funambule.Par Solange

Poésie funambule.

Quelquefois, une bulle éclate… Un lapin bleu jaillit dessous les agapanthes, j’ai dû souffler trop fort !
Bientôt, il ne restera plus que petits pois dans leur nid d’acajou, ou nez de clown clignotant au fond du panier de Pâques. !

Alors, ,je m’empare d’une rime, après m’être abreuvée de métaphores, et d’anagrammes tintinnabulant..
Aussitôt, viennent les cohortes d’anaphores cascadantes. Les euphémismes emphatiques, les tautogrammes en miroir.
Ensuite, je repousse à bout de gaffe les flots de lipogrammes, les tentations de litotes, de pléonasmes, de redondances.
enfin je m’endors, laissant à mes rêves le soin de tourmenter ma folle inspiration.
Demain, je serai romantique et je noircirai pages et pages de poèmes tragiques, avant que le rythme des vagues de raison raisonnable ne vienne étouffer ma douloureuse folie.

Cependant, un doute m’étreint : faut il que je m’abandonne à cette dérive mélancolique, mélange de sombre idéalisme et de visions évanescentes ?
Déjà que j’ai l’air un peu déjantée, depuis que j’ai pris un look gothique, tout de noir vêtue, mèche sombre sur œil charbonné, tatouage inquiétant sur la joue pâle, voire fantomatique et enfumage douteux de substances illicites ?
Pourtant, quand m’assaille une bouffée de Hiatus, une flopée d’antimétabole, ou même un soupçon d’antipériphore, je ne puis résister ! C’est assurément une drogue dure!
Et même si la cure de sevrage du cours de littérature marxiste appliquée à bien terni mes envolées ténébreuses, il suffit d’un oxymore torturé, ou d’une trouble homonymie pour que je replonge aussitôt dans mon délire obscur !
Tôt ou tard, je m’abimerai dans les affres de la poésie la plus noire, je crains même de sombrer dans la plus abjecte tragédie.
Parfois, je lorgne vers Racine, et je me vois en Phèdre, je suis tentée par Bossuet et « l’oraison funèbre de Madame » je ressasse en boucle « Vanitas Vanitatum », ou alea jacta est. Enfin, bref, je déraisonne ainsi, souvent, j’ai même frôlé Baudelaire et Lamartine, c’est vous dire !!!
Quand la crise atteint son paroxysme, je ne puis plus m’exprimer qu’en alexandrins, j’hésite entre parataxe et hypotaxe !
Dans l’expression de mes besoins essentiels, je ne puis dire « j’ai faim » sans en faire un fromage, ou dire merci sans m’abimer en sonnets redondants.
Une vraie torture !
A ce moment, Brille au fond de mon âme meurtrie, un diamant de résilience : briseur de mélancolie, tueur d’idées noires, sauveur des dépressifs suppliciés :

L’HUMOUR, toujours l’humour ; Absurde, grotesque, ridicule, quelquefois noir, lourdingue ou très fin, qui ne tue point, qui plie mais ne rompt point…
Rien que d’y penser, me revient le rose aux joue, se dénoue mon ventre froid, je repousse ma mèche et…
……Me viennent des cohortes de jeux de mots, des cascades de rire, des flopées d’espièglerie, des bouffées d’impertinences, et autres mots d’esprit.
….Alors, je m’empare d’une contrepèterie polissonne, après m’être abreuvée d’homophonies subtiles.
….Aussitôt, me viennent des cohortes de comparaisons irrévérencieuses, de répétitions burlesques, de rires cristallins.
….Et je repousse à bout de gaffe les flots de ressassement, les odieuses tentations de mises en abyme.
Enfin je m’endors, laissant à mes rêves le soin de parsemer de flocons roses le lapin de Pâques et les paniers de bulles iridescentes.
Sol




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