Marie- Christine

Portrait.
On m’appelle Marie-Christine et je suis vieille. Mes cuisses sont tristes à voir et ne répondent plus à l’effort, mes genoux désabusés, mes bras faibles et mes mains peu fiables. Reste la pugnacité.
J’aime cet âge, les longs sommeils paresseux et denses, la découverte de la lenteur toute en retenue, la vulnérabilité, les rêveries sur le présent transformé et le devenir. Une complicité s’installe avec mon corps, il m’impose ses rythmes, son univers, le désespoir qu’il fait naître de n’être comme avant…
Je suis absolument banale, une vieille dame seule avec son chat.qui aurait pu vivre autrement. La vie des gens, vue de l’extérieur, est pleine de mystère…la vie de chaque être humain, les turbulences, l’inexploré…
Rebelle. C’est le mot d’un ami très proche lorsque je lui parlai du portrait. J’ai fait ce que j’ai voulu et ce fût très difficile. Toujours guidée par le désir, l’amour et la passion. Et ça aussi, c’est difficile. Je n’ai pas construit un avenir, une « situation », une carrière, je me suis promenée comme une nomade face à l’inconnu sans jamais m’installer pour très longtemps. Eblouie à chaque instant. J’aimais le cirque, je suis allée y vivre. J’aimais les chevaux et les monter, ils m’ont tout donné. J’aimais la scène, le théâtre, la création fébrile, le trac…j’ai fait ça aussi. Mon portrait se définit au passé car, je l’ai dit, je suis une vieille dame oisive maintenant. Je peins, je lis, je sors marcher le long de la mer, je vis le matin avec gratitude et j’apprécie goulûment le repos du soir.
Mon portrait est comme un long souvenir car il faut, pour qu’il soit vivant, explorer le passé qui a modelé le présent.
Tout ce qui reste d’un vécu qui me définit maintenant.
Rebelle oui. Sortir du formatage imposé dès l’enfance, vivre chaque jour en gardant sa lucidité face aux propagandes répétées, garder l’équilibre avec un semblant de « normalité ». Un certain esprit s’est manifesté par beaucoup de remises en question, de recherches, de prières, de lectures, de profonds découragements, de rage. Un esprit pétri  de pâte et de levain de vie. la quintessence. Un esprit qui s’incorpore à la chair avec le temps, un esprit qui répond soudain aux demandes obstinées et intenses.
Pas de regrets, plus de peurs, mais une joie certaine qui arrondit les angles nombreux et pointus de ce monde agressif, menaçant, imprévisible, qui nous force, comme du gibier, à l’inhumain. En fait, vivre, c’est ouvrir les yeux sur l’immense réserve de savoirs accumulés, sur l’impermanence, la solitude et la mort.
Ah oui! Je pratique zazen, le zen Soto. Je ne suis pas bouddhiste, j’abhorre les religions et les dogmes, je respecte ce qui éveille les consciences et peut aider l’être humain à regagner sa place, sa souveraineté, sa liberté fondamentale.
Marie-Christine Hue

Un commentaire

  1. J aime beaucoup ton portrait, Marie Christine. Ça me donne envie de te connaître plus.. À bientôt dans la vie d après en atelier?

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