Scène 1 : dans la voiture
« Seul dans mon lit dans mes draps bleus froissés, c’est l’insomnie sommeil cassé. Chacun fait fait fait c’qui lui plaît plaît plaît . »
La chanson de « chagrin d’amour », vestige de mon adolescence, passait sur radio nostalgie. Elle ne pouvait pas mieux tomber car je sortais d’une nuit blanche et je m’apprêtais à prendre la route. 211 kilomètres entre Vigneux-de-Bretagne et Quimper et à vol d’oiseau plus de 100. Autant dire que j’étais en-dehors du périmètre autorisé. Mais c’était pour la bonne cause. Celle d’écrire au service des autres, d’adapter sa plume aux goûts de chacun, de proposer un temps d’échange entre écrivains et résidents d’EHPAD, isolés depuis l’apparition du virus. Ce virus dont on ne savait presque rien mais qui nous apprenait beaucoup, qui nous avait tous plongés dans l’incertitude mais nous avait aussi rapprochés et avait permis de tisser des liens de solidarité entre ceux qui ne s’étaient et ne se seraient jamais croisés. Alors oui, ça valait le coup de dépasser les limites des départements. Je roulais depuis vingt minutes quand les notes d’un flash info résonnèrent dans l’habitacle. « Flash info spécial, on vient d’apprendre que la mesure autorisant les déplacements dans un périmètre de 100 kilomètres a été levée ce matin. Les Français peuvent à nouveau circuler en toute liberté et faire c’qui leur plaît. »
Scène 2 : studio de l’antenne régionale, dernière participante
— Bonjour Laure, je peux vous appeler par votre prénom, ça ne vous dérange pas ?
— Pas du tout, au contraire. Et je peux vous appeler Catherine ?
— Oui bien sûr (petit rire de connivence).Vous avez choisi de participer à nos ateliers. Je rappelle à nos lectrices et à nos lecteurs que vous avez connu notre association lors d’un stage d’écriture il y a près d’un an et que vous habitez en Loire-Atlantique, à Vigneux-de-Bretagne près de Nantes où vous êtes déjà membre d’une association d’ateliers d’écriture. Nous avons une tradition, sorte de rituel d’accueil, qui est de laisser chaque participant se présenter. Alors Laure (petit rire pour le jeu de mot), en quelques mots comment vous définiriez-vous ?
— Bonjour Catherine. Se présenter est un exercice difficile. Présentation physique, psychologique, familiale, sociale, religieuse, aspirations, élévation. Que dire ? Alaure (petit rire de connivence), je dirais que je suis tout simplement une femme qui aime..
(Gong de la fin de l’émission).
— Eh bien on me dit qu’il faut rendre l’antenne. Merci Laure d’être venue et à très bientôt.
Scène 3 : retour au bercail
Catherine y était allée franco et je l’avais échappé belle. Que lui aurais-je répondu d’ailleurs ?
Mes origines ? La Provence, terre de Pagnol, Giono et Bosco. Ouvrir leurs romans c’est sentir l’essence des pins un jour de pluie, se griffer les mollets dans les argelas, ne plus s’entendre parler quand la chaleur de juin pousse les cigales hors de terre, c’est respirer le thym sauvage qui s’accroche sous les semelles et en prendre plein la vue quand l’été borde les rues de lauriers multicolores.
Mon métier ? L’écriture si je pouvais et à chaque fois que je le peux.
Mes loisirs ? Dans la nature et le rire de préférence.
L’histoire de ma vie ? Je l’écris tous les jours.
L’avenir ? Voir scène 4.
très chouette présentation! bienvenue dans l’aventure! (Sol)
J’aimeJ’aime