Geraldine

DSC00715Poubelle, vous avez dit poubelle !!!!!

Je me doute bien qu’en lisant le titre peu engageant, des regards allaient se détourner, des grimaces déguiser les visages, des désapprobations s’exclamer. Peut-être même tourner le dos que sais-je ? ou alors attisés par la curiosité lire ces quelques lignes salvatrices.

Mais, je ne peux me présenter sans parler du commencement. C’est comme si je parlais d’un gâteau sans en donner les ingrédients.

Que vient faire la poubelle dans cette histoire me direz vous, objet incongru. Eh bien voilà, il me faut vous en parler.

Voici quelques dizaines d’années que j’ai été familiarisée à ce terme cher à Mr Poubelle plus souvent qu’il ne fallait. Non pas qu’il aurait pu être mon prénom mais tout simplement parce que je m’entendais dire souvent, trop souvent « tu ne seras bonne qu’à vider les poubelles » !!!!! Peu engageant pour une gamine afin de se projeter dans un avenir prometteur. Je n’aimais pas l’école, étais très observatrice et du genre timide, je me fondais dans les murs. Plus le mot poubelle m’était adressé, plus je me rétrécissais, m’enfermais dans ce qui est devenu pendant un temps une boîte …..à outils. Car oui il me faudrait bien un jour sortir de ce contenant, trouver des subterfuges, pour être, tout simplement. Mon compost était constitué de rêves, d’imaginaire, de désirs les plus fous. Ah oui, mes désirs parlons en ; être autrement, porter les vêtements d’untel, avoir les yeux et la beauté d’une autre être regardée avec tendresse et l’aisance pour parler. Mais surtout ce souhait d’avoir une maman différente. Alors cette boîte à outils serait celle des émotions. A l’intérieur nous trouverions la tête chercheuse ce que je suis devenue, la loupe pour voir de plus près, la disqueuse pour découvrir, entendre la musique, des pinces pour ajuster, de la toile pour polir et du vernis pour protéger. Elle serait tenue par deux anses ; de bienveillance et de tendresse. Vu du dedans ce contenant serait le nid de la transformation de la curiosité. Je passerai de la sensiblerie à la sensibilité, de la timidité à la réserve, de l’inculture à la connaissance, de la tristesse à la joie. Quel travail pour une poubelle mais bon j’avais le temps.

Cette boîte des sens aiguisés m’a fait prendre soin des autres, être à leur écoute, découvrir la patience et l’amour. Je les comprenais sans les connaître, elle serait l’école de la tolérance.

Ce mimétisme à mon environnement qui m’habitait, aurait pu me rendre transparente tant j’étais un caméléon.

Non et non, une poubelle çà s’ouvre vers l’extérieur, elle se vide et se remplit de nouveau. Alors pourquoi ne pas m’ouvrir, respirer, sortir de cette humiliation ? Et puis elle a bien son utilité sinon pourquoi a-t-elle été inventée ?

J’ai grandi avec cela en moi, ce contenant intériorisé même en voulant l’oublier était présent à fleur de peau, m’a fait connaître « mes amours mes emmerdes » des rires, des pleurs, pour enfin m’autoriser à être. Ma tête chercheuse m’a bien aidée pour aller à l’essence même de ma vie, au pourquoi, qu’ai-je fait ? et me construire. Devenir une femme de taille moyenne aux cheveux châtain et yeux verts aimant écrire, conter et être auprès de l’autre.

La poubelle aurait pu avec le temps devenir un container, mais par quelles poignées le prendre n’en possédant pas ? Non laissons ces contenants avoir leur utilité, être à leur place.

Elle m’a été utile pour me découvrir me regarder et oser être. Je garde dans ce carnet d’écriture sans doute un exutoire, la liberté de revisiter ou non l’histoire d’une petite fille devenue adulte et aimer en essayant de comprendre la fragilité de l’humain en tournant la page, celle de demain. Un livre dont il serait bon de tourner les feuilles, celles de la découverte.

Géraldine

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