J Hache

« Je me souviens » … ou « pot-pourri de mes souvenirs » ou » bribes d’enfance » ( de 4 à 11 ans)

Premiers souvenirs

Un bébé dans un berceau, des dames en blanc, on m’offre une douceur … je n’en veux pas, Je suis terrorisée, un frère vient d’arriver … Une crainte de la chose médicale est née … J’ai 3 ans ¾.

Je me souviens d’un petit frère dans un lit chez des cousins … J’ai hurlé, car je croyais qu’il était vendu !

L’école de Cascadec

Je me souviens que je commandais toujours des autos, établis et autres camions au Père Noël de l’école … Ma mère semblait désolée.

Je me souviens de ce jour où Melle Lydie projeta sur le mur de la classe un film qui sortait d’un engin ronronnant. J’avais cinq ans, je restai bouche bée ; la grosse brioche dorée et le chocolat chaud suivirent. C’était Noël !

Je me souviens de Paul R, sourd et muet, assis près de moi, me taquinant ; je ne disais rien, si timide, seule de mon niveau, le CE1, car Melle Lydie avait préféré me garder une année supplémentaire dans la petite école de bois noir… Les commères du quartier avaient imaginé une scolarité fichue d’avance.

Je me souviens de ce petit texte de français, toujours avec Melle Lydie, j’avais raconté une journée d’été : le récit d’une sortie en forêt à la cueillette de « luses » … Ce mot apparaissait à plusieurs reprises, dans ce premier travail d’écriture ! J’ignorais que c’étaient des myrtilles que je cueillais, le mot « luses », c’est du breton ! … Rires moqueurs.

Vie quotidienne

Je me souviens de la préférence, fort marquée, voire institutionnalisée de la fille sur le garçon, chez ma mémé Barbe : J’avais droit à la tasse avec anse, petit Paul celle à anse brisée … Et j’étais toujours servie la première en café/lait gloria !

Je me souviens de la visite que nous fit la grand- tante « Sœur Servule Joseph » de l’Enfant Jésus : elle me pria de resserrer les jambes alors que Paul et moi étions assis dans l’herbe …J’avais compris que nul ne devait apercevoir ma petite culotte blanchette ! J’avais sept ans.

Petites sottises (vers 10.11 ans)

Je me souviens de nos expéditions, Paul, Muriel , la voisine et moi, à la recherche d’un passage souterrain reliant un ancien château-fort à un chaos rocheux et passant sous la rivière … Après quelques mètres dans un étroit boyau, nous restions coincés …

Je me souviens que nous pénétrions le dimanche après-midi dans la papeterie par une vitre brisée, en surplombant la rivière, grâce à une échelle de corde de notre fabrication, afin de chaparder les bonbons des ouvrières fabricant les carnets de papier OCB (et le Coq gaulois)

Je me souviens que j’ai sauvé Muriel : elle allait s’assoir sur la roche où dormait l’aspic !

Je me souviens que nous montions un tas de branches tout en haut du chaos rocheux et que nous allumions un feu et dansions autour ; c’était beau !

Je me souviens que nous avions circulé en bateau pneumatique dans le canal sous le tunnel, nous nous sommes arrêtés avant d’être transformés en électricité (au bout du tunnel, se trouvait une centrale électrique) … Peur !

Je me souviens que dans le car « Sinic » qui nous transportait à l’école, un des plus beaux autocars de la chrétienté, rond, bicolore, vert pâle et bleu marine, était entrée une dame en furie, brandissant une écharpe : « A qui est cette laine » ? Muriel leva la main … « C’est donc toi qui voles mes fraises « !!! Paul et moi restâmes cois.

Médecine

Je me souviens de mes hurlements lors des séances collectives de vaccination, de l’air très fâché du médecin et de la honte de ma maman.

Je me souviens de ce jour où, à l’âge de huit ans, voulant échapper aux mains effrayantes du médecin, je courus autour de son bureau, me prenant les pieds dans le fil du téléphone, je fis tomber tous les objets, les feuilles, le combiné noir en bakélite, les crayons … Il voulait simplement me faire une mini entaille à l’oreille avant l’abomination : une opération des amygdales !

Je me souviens de mes hurlements stridents qui ont fait dire au chirurgien qui venait de m’arracher les amygdales après m’avoir ligotée sur une chaise : « Non, on ne la garde pas, elle peut rentrer à la maison immédiatement » ! Récompense de ma « bravoure », je reçus ce cadeau de mes parents : une jolie poupée à joues roses, prénommée Françoise, avec dans la petite poche de sa robe un mouchoir dans lequel Yves-Marie se moucha !

Je me souviens de la terreur qui me faisait paniquer à la moindre apparition d’un véhicule devant la maison sur la colline … car j’avais, chevillée au corps, cette crainte irrépressible d’une arrivée de docteur … Je saisissais un livre et disparaissais dans la lande inextricable où je restais terrée, lisant avant que le calme revienne !

Loisirs, jeux d’enfants

Je me souviens de jeux en bois fabriqués par Job, mon père … Des échasses, un petit bateau en fer et bois, avec lequel nous partions en expédition vers des îles lointaines, sur « l’Isole » … Paul forgeait des épées, construisait des arcs. Nous jouions à « Guillaume Tell »  à l’envers, à cause des yeux ! J’aimais aussi le meccano, un jeu de construction en fer … Lorsqu’il pleuvait on investissait le grenier, véritable cabane d’Ali Baba, ses malles, moto, cartes postales … Et la lecture, ah, la lecture …

Je me souviens que par l’intermédiaire de ma mère et de l’institutrice sa sœur, la petite Alice et moi nous échangions nos livres, sans nous connaître.

Je me souviens que je jetais par la fenêtre les livres de mon frère qui me déplaisaient…

Je me souviens de nos promenades du dimanche, parents, enfants et le loulou de Poméranie, nous partions pour l’après midi, prenions le goûter au bord du ruisseau glougloutant ; ma maman chantait « colchiques dans les prés », notre père nous apprenait à fabriquer de petits moulins de bois qui tournaient avec le courant … c’était d’un bucolique ! Au retour, notre père nous installait sur la grosse branche d’un châtaigner, une balançoire s’improvisait.

Je me souviens des soirs d’été, nous partions sur « la montagne » voir les éclats du phare de Groix, père disait : « un jour nous irons sur cette île » … Il tint sa promesse. Il nous racontait des histoires d’ogres, assis au creux des rochers, « Yann Bonn, ruz » et autres contes et nous avions peur.

Je me souviens que ma mère écoutait souvent de la musique classique sur ce vieux poste TSF, un jour arriva le jeu des 1000 francs … Chez mémé Barbe, nous écoutions, devant le poste, des pièces de théâtre. Nous dormions chez mémé le samedi soir quand nos parents partaient au cinéma sur la moto.

Je me souviens des visites de mes quatre jeunes tantes… Elles apportaient des livres, elles étaient gaies et chantaient en canon avec ma mère : « aux marches du palais » … Puis nous partagions la tarte aux pommes si croustillante et dorée … Elles aimaient bien la bière Valstar avec du pschitt citron ; Paul et moi avions le droit à la limonade « la petite Scaëroise »

La Dauphine

Je me souviens de l’arrivée de la Dauphine ; il faisait nuit, c’était en novembre … A la lueur des lampes de poche, Paul et moi avions été fascinés de découvrir cette merveille ; avec sa robe beige, ses pneus à flancs blancs, elle avait fière allure. J’avais neuf ans… C’était les trente glorieuses !

( rassurez-vous, je ne vous fais pas le coup de la suite (11 à 18 ans !)

 

 

La Fontaine :

« On se voit d’un autre œil qu’on ne voit son prochain »

Le fabricateur souverain nous créa besaciers, tous de même manière,

Tant ceux du temps passé, que du temps d’aujourd’hui

Il fit pour nos défauts la poche de derrière

Et celle de devant pour les défauts d’autrui. »

Ceci, de mémoire, est la morale d’une fable de La Fontaine, « la Besace » …. Ce qui me mène à expliquer ce pourquoi je ne peux me définir ; je craindrais d’omettre certaines vérités, cachées dans cette fameuse « poche de derrière » ! (la besace se portait sur l’épaule, un sac devant, un derrière, ancêtre de Lafuma n° 12.

Je vais donc me contenter d’un tableau, d’un « j’aurais préféré être » et d’un petit « pot-pourri », nommé « je me souviens »

BRIBES

Une citation : « impossible de vous dire mon âge, il change tout le temps » Alphonse Allais
Une expression : Si je ne craignais pas d’être pompeuse, et si cela n’avait pas encore été « pris », j’aurais dit : « Ni Dieu, ni Maître »
Une date : Un 28 décembre du siècle passé ; il neigeait, c’était la fête des Innocents : je suis arrivée, un kilo tout rond, sous un sapin sur lequel le rouge gorge a passé sa nuit
Un lieu : Une île, la plus plate, battue par les vents d’Ouest, celle qui sera bientôt submergée
Un aphorisme : « L’île de Sein, c’est comme un soutien-gorge à la dérive » P Bougeard
Un haïku :  Fille folette
                    Femme joyeuse
                     Optimiste née
Une coiffure :  Deux nattes, type « Pocahontas »
Des chaussures :  Des pataugas, en passant par les clarks, puis des crocks colorées
Un goût d’écrire :  Depuis toujours, mais « sans me fouler » … en 4ème A, «  de bonnes idées, mais trop bref »
Une nouvelle : Pourquoi pas, mais …
Une poésie : Joachim, l’homme de la Pléiade , Ulysse revisité par Covid

 

Inspiré librement du sonnet de Joachim Du Bellay : « Heureux qui comme Ulysse » 1558 Mis en musique à l’époque contemporaine par Ridan en 2007

Heureuse la p’tite Joëlle qu’a pas fait de voyage,

C’est pas comme cestuy-là qui courut l’horizon

Et puis est vite rentré, coronavirus sé

Squatter le Finistère, jusqu’à déconfin’ment.

 

Quand reverrai-je Hélas, du bout de mon sentier

Onduler l’Océan, et en quelle saison

Entendrai-je corner les tout petits bateaux

Tout grouillants d’araignées, et encore davantage ?

 

Plus me plait la chaumine construite par mes ancêtres

Que des murailles de Chine, visibles de la lune

Plus que la tuile orange me plaît l’ardoise bleue.

 

Plus mon hermine bretonne que le p’tit pangolin,

Plus mon petit Tigré que la belle pangoline

Et plus que l’air marin, l’odeur de la sardine.

Inspiré librement par Joëlle (écoutez le clip officiel de Ridan)

 

Petit tour d’histoire, c’est ma faiblesse ….

Si j’avais vécu dans le passé j’aurais préféré être :

Pendant la Préhistoire, Mme Neandertal plutôt que Mme Cro-Magnon

Au Moyen-Age, Mme Brunehaut plutôt que Mme Frédégonde

A la Révolution, Mme Olympe de Gouges plutôt que Marie-Antoinette, bien qu’elles aient terminé leur vie de même manière

En 1870, certainement Mme Louise Michel plutôt que Mme Elise Thiers

Pendant la guerre 14.08, plutôt Mme X, veuve de poilu que Mme Guillaumette de Prusse (III)

Pendant les années trente, plutôt Mme Blum que Mme De La Rocque, puis entre 39 et 45, j’aurais vraiment aimé être Mme Rol-Tanguy plutôt que Mme Pétain ….

Années 70 : plutôt Simone qu’Anne Aymone ………

Une photo : je n’en ai pas de correcte, car je ne suis pas trop photogénique, donc j’aurais bien tenté une caricature, mais ne sachant pas dessiner …. Je vais tenter de me décrire à partir de personnages de BD :

Je pourrais ressembler à l’enfant née d’amours plus qu’improbables entre Obélix, celui qui ne porte qu’un bas rayé et de Bonemine, la femme du chef Abraracourcix ; on pourrait imaginer qu’une nuit sans lune, après overdose de sangliers et de cervoise tiède, alors qu’au loin une harpe couinait, un Obélix amoureux transi d’une beauté, Falbala, se trompa de cible … neuf mois plus tard, je naquis :

nattes, pantalon rayé et … Que celui qui veut s’y mettre, aux crayons, fasse un dessin.

 

 

 

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