Se faire la belle pour retrouver sa belle était son rêve. Vincent s’en vint à s’en persuader. Lui, le repris de justice était pourtant prévenu… du danger. Des geôles d’Angers , il savait qu’aller à Thouars serait aléatoire. Alors, pour une raison qui lui appartenait, il fila à Parthenay. Puis à la Rochelle, chez sa tante, il se cacha dans la rochelle , sorte de tente en quelque sorte, pour que rien ne le tente pendant l’attente, avant qu ‘il n’en sorte.
Le temps lui parut long à Vincent, sans passants à faire les cent pas, soit -dit en passant ! Long comme un jour sans pain. Alors il peint, pour panser l’attente. Un pinceau dans un seau d’eau, ce n’était pas sot pour passer le temps sans y penser, car il n’avait personne à qui demander un tel avis. C’est la vie !
Quant il la vit, ces pensées fondirent comme un lavis, je vous ferais dire. Il la vit par un passant* de la tente de sa tante. Elle venait de l’île, comme une lumière au bord de l’amer luit sur la mer d’huile. Lui il cessa son dessin car son dessein allait se réaliser au bout de l’allée.
Il accourt pour aller lui faire la cour au fond de la cour d’enrobé. Par une porte dérobée, (encore un vol?), il vole d’un jet, tel un geai , vers ses yeux de jais. Ils s’enlacent sans jamais s’en lasser, elle dans sa robe aubère, lui moulé dans son haubert pour un bonheur que rien n’obère. A la bonne heure !
– Mais que sont tristes les sons de la sirène qui tintent et tintent encore dans mes ouïes ! Mais oui,
ma sirène s’est éteinte ce matin quand les mâtons du mitard ont sonné le réveil.
L’ « effet mer » ne fut pour Vincent qu’un rêve éphémère.
Récit d’Yves le 11 11 2020.
*dans le sens de boucle d’attache en tissu.