Le vagabond idéal.
Si’ou plait, Monsieur le juge,
Il faut que je vous cause, Vous comprendrez peut être si vous écoutez bien.J’avais une vie plan plan, j’étais bon fonctionnaire,
M’ennuyais fortement, assurant mes arrières.
Et puis un beau matin, j’ai j’té le dossier Machin et posé mes lunettes,
ainsi que mes sucrettes.
Je suis parti tout droit, la poudre d’escampette !
Rempochant mon stylo, enfilant mon chapeau !
Finis les p’tits tracas, en multiples exemplaires,
à bas les petits plats, mijotés par Mémère.
Et me voilà dehors, lâché par-dessus bord,
et me voila ouvert, toutes voiles dehors !
Dormir sous des cartons, c’est pas drôle quand il pleut,
J’ai déserté le nid, je suis un sans abri.
Peut être que j’en crèv’rai, mais vive la liberté,
Je n’ai rien dans ma bourse, je crache à la grande ourse,
Le matin dans l’métro, ils vont tous au boulot,
roulé dans mon manteau moi, je bois au goulot.
Oui, j’ai cassé Noel, et les congés payés
j’ai froid jusqu’à la moelle, et j’ai les pieds gelés
Mais si c’était à r’faire, là vous pouvez me croire,
Si c’était à refaire , là je le referais !
Je sais tout de la rue, dessous le réverbère,
et les pavés qui luisent, et les feuilles qui glissent
la quête du corbeau, le vol de l’éphémère,
Je suis ivre de vent, quand ça n’est pas de vin…
Alors je reste là, lové dans l’encoignure, je vis de grands espaces..
Je survole les steppes, confis dedans ma crasse.
P’t’être bien que j’en crèverai, c’est le risque à courir,
Mais si c’était à r’faire, ben je le referais
Et si c’était à r’faire, vive la liberté.
Sol