Conte nordique de Soize

Conte nordique
Ce matin, le village baigne dans une clarté inaccoutumée. En se réveillant, les habitants ont vu un paysage tout blanc ! La neige s’ est accrochée aux arbres, aux arbustes, aux rebords des fenêtres, aux toits des maisons. Pas un souffle de vent, le silence enveloppe les choses et les êtres. Les polders alentours et la route elle-même ont disparu sous un manteau immaculé. Une lumière blafarde éclaire la gare, située à l’entrée du village. C’est une petite bâtisse rectangulaire à un étage, à la façade de briquettes rouges percée de hautes fenêtres étroites surmontées de moulures triangulaires couleur crème, avec un double toit en pente douce. A une hauteur d’étage, une marquise en verre avance sur le quai, permettant aux voyageurs de se protéger des intempéries. Au loin, le long du canal, les moulins à vent sont figés, leurs ailes immobilisées par le poids de la neige.
Mais déjà de jeunes intrépides ont chaussé leurs patins à glace et virevoltent sur les canaux gelés tandis que d’autres ont sorti skis et raquettes . Un vrai ballet de bonnets rouges ! Soudain le chef de gare, qui loge avec sa famille au premier étage de la gare, apparaît à la fenêtre faisant de grands gestes.

  • « On a volé le train de Saint Nicolas ! »
    Dans ce train, sous le hangar, sont stockés les présents et les friandises que Saint Nicolas doit distribuer aux enfants sages. Comme chaque automne, il vient de débarquer d’Espagne avec le père Fouettard. Cette année, il a choisi d’utiliser le train, pratique et confortable. A chaque étape, il doit aller à dos d’âne distribuer les cadeaux aux enfants sages tandis le père Fouettard menace de frapper ceux qui ne le sont pas avec une branche de son fagot. Leurs deux ânes ont une bonne litière dans un wagon.
    Une immense clameur parcourt le village. Les lutins quittent leurs patins, skis et raquettes et se massent sous la marquise de la gare, alourdie de flocons.
  • « Cette nuit, des voleurs ont réussi à mettre la locomotive en marche et sont partis avec tout le chargement, c’est une catastrophe ! Il faut absolument les retrouver ! Une chose est sûre, le train est parti vers l’ouest, on voit ses traces sur la voie enneigée. En route mes amis ! » ajouta le chef de gare, descendu harangué l’attroupement.
    Armés de pelles et de bâtons, certains s’entassent sur des luges tirées par des chevaux tandis que d’autres chaussent leurs skis précipitamment, suivant la voie ferrée à vive allure. Les luges tanguent comme des barques dans le roulis ; les lanternes brillent, tentant de percer le voile blanc, car la neige continue de tomber drue et serrée. Les gros flocons voltigent et tourbillonnent autour d’eux et s’accrochent à leurs barbes.
    Chacun a en tête les objets qu’ils ont eux-mêmes fabriqués en pensant au plaisir des enfants : les dînettes avec leurs assiettes miniatures décorées de fleurs, les épuisettes, les vases, les hautbois dans leurs étuis ouvragés, les chaînes d’or. Sans parler des stylos, des ballons, des peignes colorés …
    Tout à coup, un coup de sifflet retentit : le chef de gare a repéré le train arrêté un peu plus loin, bloqué au milieu du pont par une congère. Affolés par l’arrivée des lutins brandissant leurs bâtons, les voleurs s’enfuient en toute hâte. Pas assez vite cependant, car voici qu’apparaissent deux silhouettes montées sur des ânes, une vêtue de rouge avec un grand chapeau et un sceptre et l’autre toute noire avec une grosse barbe et une cagoule, un fagot accroché à son épaule…qui va lui être bien utile ! Il commence déjà à en détacher quelques triques tandis que les cris des voleurs déchirent le silence.

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