A L’AUBE
La nuit avait été longue, elle n’avait pas réussi à dormir. Elle broyait du noir, se tournant dans son lit, fallait-il vendre ou non ?
À l’aube, tout en mangeant son petit-déjeuner, elle écrivit – comme on lui avait conseillé- des colonnes avec les « pour », une autre avec les « contre », espérant y trouver la solution. Sans succès.
Cette maison représentait beaucoup pour elle. Elle avait trimé pour la remettre en état, la décorer, en faire son repaire. Et le jardin, ce temps passé à planter les haies pour la protéger du vent du large !
Elle décida de couper court à ses interrogations et partit marcher le long de la côte. Le soleil rougissait l’horizon. Il éclairerait bientôt le paysage autour d’elle, paysage qu’elle pourrait peindre sans même l’avoir sous les yeux, tellement il lui était familier.
Elle grimpa en haut de la dune, sentit une bouffée d’air marin qui alluma en elle une joie sauvage. Aucun accord d’achat n’était scellé encore !
Soudain, elle fut attirée par des pleurs : une jeune fille geignait, assise sur un rocher, laissant éclater son chagrin. Elle frappa fortement les pieds sur le sol tout en avançant pour l’avertir de sa présence. L’inconnue s’ essuya les yeux à son arrivée, lui montrant un visage fermé, blessée que l’on ait pu l’écouter à son insu.
Sans plus réfléchir, elle s’ assit à côté d’elle. Après un long silence, elle lui murmura : « La vie, voyez-vous, ça n’est jamais si bon ni si mauvais qu’on croit ».