‘ »Vous avez écrit un livre ? »
– » Oui »
– »Pourquoi a-t-il disparu ? »
Tout a commencé lorsque l’idée de « la retraite » est venue s’accrocher aux chiffres de mon âge :
– « Quoi !? dans 2 ans je me réveille et je compte à rebours ? «
– « À rebours de quoi ? »
-« De ce qu’il me reste à vivre. »
Ouh là, tout doux, qu’est ce que c’est que cette araignée qui circule sous mes draps ?
Du bord du balcon du neurone 125, celui de l’écriture, elle s’apprête à jeter son fil de soie sur le toboggan du jardin d’enfants.
Mais elle me souffle en confidence que je pourrais écrire un livre, et que dès le mot fin, il disparaisse.
– »Mais pourquoi écrire un livre ? »
– » pour qu’il disparaisse ! »
Les neurones du buffet installé par le grand cuisiniste « Dieu créa tout », rendu célèbre à la suite d’une aventure humaine où, au grand dam d’une poignée de bipèdes il a créé la femme du beau milieu du corps de l’homme, se disputent l’aventure de l’ouverture simultanée qui de ses tiroirs, qui de ses portes, pour ne pas perdre sur l’atlas, une seule parcelle de la machinerie qui semble, à la lecture de ce prologue, vouloir tourner à l’hystérie mandibulaire d’une araignée non identifiée.
Sa théorie est la suivante, je vous fais remarquer que je dialogue avec une araignée…
‘ »Sur les fils de soie que je fabrique, écrit, imprime ton livre, je ferai les coutures solides, ni la pluie, ni le vent ne viendront jamais balayer tes lettres assemblées. Aucune brosse à reluire ne m’influencera pour retirer un mot, une virgule, un point d’interrogation.
Sur l’escalator de ta vie tu fabriques les mots un par un, tu montes les marches, parfois tu perds l’équilibre, c’est la panne, tout devient instable, mais les chapitres sont écrits, tu les as tissés, je les ai cousus, si solidement que trempés dans la mixture gourmande d’une religieuse au chocolat, ils se pigmentent des saveurs de ton jardin.
Ton livre n’a pas l’apparence d’un livre, il n’est pas fait de pages mais de mots invisibles sur ma toile, si un ennemi même trop rembourré se prend dans ma toile de soie, je le déguste.
Et dans l’immensité du globe, ton livre disparaîtra, puis un murmure de notes, une chorale invisible, le restaurera et tout s’harmonisera à l’unisson de tous les autres livres écrits sur les fils de ma toile de soie.
FIN