Le livre disparu. de Y. Thomazo

Le livre disparu.

– Avez-vous écrit ce livre ?

– Oui, je l’ai écrit.

– Pourquoi a-t-il disparu ?

– Je suis certainement le plus mal placé pour vous l’expliquer Monsieur,  puisque je vous répète que je suis l’auteur de ce roman choral, mais je n’en suis pas le distributeur. A chacun son métier. Et je n’avais aucune raison de l’accrocher à la fenêtre de mon balcon,   ou encore d’en rembourrer les coussins de mon salon. Car les livres Monsieur, oui, les livres, sont faits pour voyager. Les uns franchissent, par delà les mers et les Atlas , les plus grands escaliers du globe et les autres glissent sur les toboggans de l’oubli ou bien encore, … servent à caler les buffets instables des mauvais… cuisinistes.

– Je suis cuisiniste, Monsieur, et vous ne l’ignorez pas ! C’en est vexant. Je ne vous permets pas la moindre parcelle d’atteinte à la qualité de mon travail ni à ma réputation… Mais enfin, Monsieur, rien ne justifie une telle hystérie, au seul motif que je m’inquiète que votre livre ait disparu !

– Euh ! Etes-vous sûr que ce soit l’objet de votre visite? … Mais, quoi qu’il en soit, Monsieur, balayez d’abord devant votre porte, je vous en prie, puisque vous mettez vous-même en doute le fait que j’ai pu écrire ce livre.

– Pardonnez-moi, vous faites erreur Monsieur. Je vous le répète, je m’inquiète seulement que votre livre ait disparu. Il m’a été recommandé et je souhaite m’en procurer un exemplaire, voilà tout  !

– Et vous Monsieur le cuisiniste , pardonnez moi, vous aussi : ne prenez pas tant de peine à vous voiler dans un drap de candeur. Il est tissé de toiles, mais de toiles d’araignées ! C’est désagréable, elles piquent comme des aiguilles. Et votre machine à coudre, Monsieur, est pigmentée de fils blancs !

-Mais, …mais,… je ne comprends pas notre dispute, Monsieur. J’aurais tellement aimé lire votre livre, si passionnant, m’a t on dit. S’il vous plaît, Monsieur ?

Vous est-il possible de m’en imprimer un exemplaire ?

– C’est très dommage Monsieur, ce ne sera pas possible et croyez que je le regrette infiniment pour vous. Je dois vous faire une confidence : mon imprimante est en panne ! En clair, et tout en restant « poli », il vous est inutile de me passer votre brosse à reluire. Je ne suis pas dupe de vos manières.

Croyez-vous que j’ignore que vous, et le groupe d’influence religieuse auquel vous appartenez, avez décidé de combattre certaines pages de mon roman ?

Disparaissez à votre tour, Cher Monsieur, allez au diable! Mon livre et moi-même sommes ….épuisés.

Yves le 16 novembre 2020

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