Elle s’appelle Nonna, et elle n’a que des talents. Vous l’aviez deviné ou non… je vais parler de ma grand-mère. Giorgia G. née en 1944 dans sa maison de famille. 15 jours après sa naissance, tout son village s’est réfugié dans un château pour fuir la guerre.
À son époque, à l’école il existait des cours pour apprendre les bases de la couture. C’est comme ça que tout a commencé. D’origine italienne, d’un petit village à Pérugia, elle a rencontré Nonno et a continué à apprendre la couture auprès de ses belles-soeurs. Toutes étaient couturières pour la confection de pantalon pour homme. Une époque où les femmes avaient une machine dans leur foyer. Nonna les observait, et ensuite elle s’entrainait à son tour. Une fois mariée à Nonno, sa dot de mariage était sa machine à coudre. Elle a donc confectionné elle-même les draps de lit de la maison, a fait la décoration des murs avec des tableaux en broderie en point de croix, réalisé les vêtements pour ses filles.
Ma mère et ma tante donc, étaient habillées en robe by Giorgia. Lors de mon enfance, Nonna nous brodait des coussins à mettre dans nos chambres d’enfants.
Elle a ensuite transmis son savoir à ma mère, qui a appris à coudre auprès d’elle. J’ai commencé une grande réflexion sur ma vie et j’ai voulu apprendre à coudre moi aussi, bah oui il y a un début à tout. J’adore la mode, j’adore m’habiller alors pourquoi ne pas confectionner mes propres vêtements ou sacs. Alors j’ai débuté comme elle, en prenant des cours pour apprendre les bases. Puis je me suis entrainée sur la machine à coudre de ma mère avec elle.
Ma mère m’a appris à persévérer et à terminer ce que j’avais commencé.
Alors oui avec le recul, j’ai confectionné une trousse à maquillage, un vide poche, un sac à tarte. Mais je n’ai pas le talent de Nonna malheureusement, j’aurais pu l’avoir. Mais je n’ai pas la patience et je n’aime pas le travail avec minutie. Côté positif : j’ai découvert que j’aimais le coté créatif.
Alors, avec mes idées et surtout avec le talent de Nonna, on fait de l’ombre aux grandes marques de maroquinerie comme Dior ou Vanessa Bruno. Je transmets mes idées et Nonna m’aide à les réaliser. Elle me confectionne des sacs qui ne ressemblent à aucun autre, et je fais même des jalouses sur Instagram. On va choisir le tissu ensemble et on réunit nos pensées pour en faire une beauté.
À mon retour de voyage en Afrique, je suis revenue avec 6 mètres de tissus en wax ne sachant pas vraiment ce que j’allais en faire. Mais je savais qu’une fois avec ma Nonna, on trouverait bien. C’est sa phrase préférée d’ailleurs : « on trouvera bien… ». On a fini par trouver ! Vous imaginez bien…j’ai l’imagination et Nonna a le talent. Un beau sac cabas avec mon nom écrit en broderie. Depuis je rêve de créer un e-shop ou une enseigne avec ma grand-mère, ma mère & moi.
Cependant, elle a aussi dû apprendre la cuisine, et toujours auprès de ses belles-soeurs. Elle s’entrainait pour faire les traditionnels plats italiens. Étant femme au foyer arrivée en France, quand Nonno rentrait du travail, il se mettait à table et mangeait les bons petits plats de sa femme. Quand elle savait déjà tout de la cuisine, je suis née. Alors durant mon enfance, tous les mercredis midi c’était le repas chez Nonna. Je peux vous dire que j’ai découvert des délices : les pâtes bolognaise, l’escalope milanaise, les gnocchis et le tiramisu mais pas n’importe lesquels : « Ceux » de Nonna. Je me souviens encore de la bonne odeur des bons petits plats en montant les escaliers. Et avec mon frère, on essayait de deviner ce qu’elle avait préparé cette fois-ci. Quand on arrivait dans la cuisine, Nonna était toujours vêtue de son tablier blanc et orange à fleurs. On avait chacun notre place attitrée autour de la table. Un Noël, nous (mes cousines, mon frère et moi) avons eu comme cadeau un livre de recettes de Nonna. Elle s’était décidée de nous dévoiler tous ses secrets. Elle allait nous transmettre à tous ses petits-enfants son talent. Dans son livre, il y avait la recette de l’escalope, des gnocchis, même des plats dont je ne connaissais même pas l’intitulé. Figurez-vous qu’on a tous essayés de suivre à la lettre ses recettes. On allait même voir comment elle faisait pour ensuite apprendre et s’entrainer comme elle. Ça n’a jamais eu le
même goût que quand Nonna le préparait. Je me suis quand même lancée dans la cuisine. Même si je suivais tout bêtement les instructions à la lettre, j’en ai apprécié la finalité : se mettre à table entouré des gens qu’on aime. Bon, parfois ça ne donne pas tout à fait comme ça devrait l’être, mais vu qu’on est
entouré de sa famille personne n’ose dire que c’est dégueulasse. J’ai donc découvert qu’elle m’avait quand même transmis l’envie de cuisiner des bons petits plats. Unis ensemble, on fait des merveilles. Voilà ce qu’elle m’a transmis comme talent, le partage. Le plus grand héritage qu’une grand-mère puisse transmettre est son amour. Mon grand-père du côté paternel m’a aussi transmis le talent de la grande gueule. Mais ça n’a pas sauté de génération, mon père a aussi ce don, croyez-moi ! Quand mon père rentre dans une pièce on a tendance à ne pas le rater. C’est toujours celui qui fait rire tout le monde. J’ai remarqué qu’étonnamment j’avais aussi cette capacité, m’imposer mais d’une tout autre manière. Les Vola, ne mâchent pas leurs mots. Après cette découverte surprenante sur une scène de théâtre où je m’exprimais à la Vola. Je me suis très vite rendu compte que je tenais ça de mon père et de mon grand-père. Mon grand-père a toujours su animer les repas de famille et mon père aussi a pris le relais. Mon frère a aussi reçu cet héritage. Cependant moi j’y travaille encore, pour montrer cette meilleure partie de moi, afin de prendre confiance. Je vais réussir à prendre parti de ce talent à mon avantage dès que j’assumerais qui je suis.
Nos ancêtres nous laissent leur talent afin de laisser une trace de leur passage.