« Jusqu’à ce jour je n’avais entendu d’elle que ces mots : « Que faut-il préparer pour le diner ? » Toujours effacée, taciturne, je puis dire que, pendant six années, elle n’avait pas proféré une parole de plus, du moins en ma présence.
– Voilà, Monsieur… J’ai quelque chose à vous demander, commença-t-elle tout à coup. Vous feriez bien de sous-louer le petit réduit…
–Quel réduit ? – Mais celui qui est près de la cuisine. Vous savez bien lequel.
– Pourquoi ? » lui répondit-il en grimaçant (Fedor Dostoeevski » l’Honnête voleur » 1848)
– Cet endroit me fait frissonner, il mérite un peu de vivacité. Pourquoi ne pas proposer cette pièce comme une chambre étudiante. Je connais une jeune fille qui est à la recherche d’un logement justement.
–Je ne suis pas sûr… ces jeunes ne sont jamais vraiment digne de confiance, toujours en train de vagabonder partout ! lui dit-il en zozotant.
–Je vous laisse y réfléchir, cette jeune fille est très discrète. Pour tout vous dire : c’est ma nièce qui vient faire un semestre en Italie, elle ne connait personne.
–Papa, Madame Pepito a raison cette pièce n’est d’aucune utilité si elle peut rendre service, faisons-le, depuis toutes ses années que Martine est auprès de toi on peut lui faire ce cadeau ! Je répondis en me levant.
–Bon, bon… tâtonne-t-il, ma fille n’a certainement pas tort un peu de jeunesse dans cette maison ne fera pas de mal.
–Je dois rentrer Papa, à bientôt, Martine j’ai hâte de rencontrer votre nièce. Je mets ma veste en claquant la porte.
–Merci à vous Madame Topini, s’exclama-t-elle en jubilant.
Dès le lendemain, Martine décide d’appeler sa nièce pour lui apprendre la nouvelle tout exciter de la revoir. Après avoir raccrocher, elle se précipite pour prévenir Monsieur de son arrivée dans la soirée.
–Je suis ravis de la joie que vous procure cette nouvelle Martine.
Martine trépigne d’impatience et s’empresse de préparer le petit réduit. Elle finit sa journée en arrosant les fleurs du jardin. Puis une ombre s’approche petit à petit dans son dos :
Elle se tourna brusquement : « Zoé, tu m’as fait sursauter ! Mais qu’est-ce que je suis contente de te voir.
–Moi aussi Tata, se réjouit-elle.
Elles se dirigèrent vers la maison main dans la main.
–Viens Zoé, je vais te présenter Monsieur Topini avant de t’installer.
Elles le rejoignent dans le salon.
–Bonjour Monsieur, je m’appelle Zoé enchantée, murmurera-t-elle intimidée.
–Ne soit pas timide, tu n’as pas à bafouiller tu es ici chez toi maintenant Zoé. Appelle-moi Roberto.
–Merci Roberto, et pour vous remercier de votre hospitalité je prépare le diner. Ma spécialité l’escalope milanaise, affirma-t-elle.
–Très bonne idée Zoé, je vais t’aider. Vous allez voir Monsieur, c’est un délice, ajouta Martine.
Une odeur se dégagea de la cuisine qui attira Monsieur Topini. Une table était dressée, avec une nappe en tissu orange et jaune. Ils se métrèrent à table. Zoé s’avança pour servir.
–Il est clair que tu excelles, c’est excellant Zoé bravo, s’écria-t-il, où as-tu appris à cuisiner ?
–Quand j’allais manger chez ma grand-mère, les odeurs qui se dégageaient dans les escaliers me procuraient des vrais papillons dans le ventre. Dès que j’ai grandis j’ai voulu apprendre ses secrets. Du coup, j’ai triché un peu c’est la recette de ma Nonna qui m’a été transmisse.
–C’est une merveille cette recette, répondit Martine.
Une fois le repas terminé, Martine termina de débarrasser et Zoé disparue dans sa chambre. De jours en jours, des liens se créèrent, des habitudes se développèrent. Chaque dimanche après-midi Zoé, s’asseyait sur le fauteuil prés du canapé et regardait les documentaires sur les animaux avec Roberto.
–Ces jeunes toujours à pianoter sur leur téléphone. Tu sais Zoé, on n’avait pas tous ca nous, cette chance.
–Radotez, Roberto, vous radotez. Je vous assure les téléphones et la nouvelle technologie a du bon, affirma-t-elle en se levant du fauteuil.
Roberto ne décolère pas, « Mais ce machin qu’est ce qui te procure ? lui dit-il en louchant devant le téléphone. »
–Il permet de partager, de garder des souvenirs, de prendre contacts avec des personnes qu’on a perdu de vue, de prendre des nouvelles de nos proches, lui explique-t-elle.
–Tu imagines bien que les personnes de mon âge, ne passe pas leur temps sur ces trucs-là. Je ne sais même pas comment ça marche.
–Si vous êtes d’accord, je peux vous apprendre à l’utiliser en échange, vous m’autorisez à utiliser la piscine pour nager.
–Zoé, vous êtes pleine de volonté, la persévérance ça paie. C’est d’accord, lui répondit-il
Après quelques jours de recherches, Zoé finit par retrouver un vieil ami de Monsieur qui habitait dans son village. Quand Roberto repris contact avec cet ami, c’est comme si rien n’avait changé. Ils décidèrent même de se retrouver quelques jours plus tard…