J’ai bafouillé en sursautant tellement j’étais stupéfait d’entendre émettre un avis, cette jeune fille qui depuis 6 ans s’occupait de ma tante dont j’étais responsable. Elle avait été engagée au service à la personne pour ma tante qui chancelait sous les charges à accomplir. Nous ne devisions pas ensemble habituellement car c’était par écrit que nous communiquions.
Depuis que j’avais loué un petit appartement pour ma tante dans une résidence de type hôtelière qu’on m’avait fait miroiter, j’avais dû jongler et tâtonner pour trouver et mettre en place à la fois la structure adéquate et cet accompagnement avec la présence épisodique de cette jeune fille. Celle-ci était de toute confiance, et excellait dans ses rapports avec ma tante, sans épier , ni fureter, ni tricher. Au contraire, elle persévérait dans le quotidien malgré les humeurs de ma tante qui oscillaient ; quand il fallait nager à vue, elle était présente. Un jour où ma tante n’avait pas décoléré, au moment culminant, elle avait réussi à tout désamorcer, témoignage du personnel qui avait été attiré par le vacarme. Alors quand cette assistante de vie m’a parlé du petit couloir attenant à la cuisine qui aurait pu servir d’office puisqu’il comportait de grands placards, j’ai clignoté des yeux avant de vociférer : « Pourquoi ? » Je n’étais pas vraiment en colère, mais c’était tellement inattendu ! Je louchai vers l’endroit qu’elle m’avait indiqué et pensai : « Mademoiselle veut bivouaquer ici ou quoi ! Ma tante, se déplaça en clopinant sans sourciller et dit en zozotant : « c’est za que ze voudrait pouvoir louer, z’ai besoin d’arzent » Elle était en train de radoter en trépignant. Elle crachotait en revendiquant sa cause. Ma tante avait donc bien cheminé dans l’esprit de cette jeune fille qu’elle avait acquis à sa cause. Je twistai alors ma pensée et ironisai : « Mais que vas-tu en faire de cet argent et surtout quel sera l’objet de cette location ? Veux-tu vraiment que quelqu’un entrepose des colis ici ? Et s’il y a un détonateur ? » Ma tante se mit à grimacer, la jeune fille à frétiller. Cette dernière se mit à pianoter en migrant vers un vieux piano installé le long d’un mur. Mon esprit vogua sur des eaux calmes, se mit à vagabonder et la lumière jaillit. C’est ainsi que je capitulai ne sachant pas trop bien ce qu’il s’en suivrait, mais cela ne me posait pas de problème a priori si la direction de l’établissement donnait son accord. Condition sine qua non !