Primevère
Primevère tu finis l’hiver
Vois ce couple de bourdons
Valser avec passion
Sur la scène de lumière
Entends les glisser hors de leur tanière
Flirter avec pissenlits et chardons
Primevère tu finis l’hiver
Douces exhalaisons dans l’air
Écoutes aux arbres le bourgeon
S’éveiller en chanson
De sa feuille naissante il est fier
Primevère tu finis l’hiver
Fourmis
Quand la tondeuse, la rose a écrasée
Les fourmis ont pleuré
Fini leur ballet
Au cabaret se sont enivrées
Au potager se sont retrouvées
Sous la capucine ont dansé
Elles ont bu la rosée
Au nom de l’amitié
Le spectacle est terminé
Les fourmis sont rentrées
En cadence et sans tournoyer
En pas-chassés pour se perfectionner
Hérison
Ce matin, hérisson a soigné son chignon
Devant le miroir il se rase le menton
Puis il enfile ses chaussons
et débute ses étirements
Les roses s’affolent
Les pensées lèvent le nez
Les abeilles surveillent
Un papillon en divagation
Le rouge-gorge et le pinson
accordent leurs violons
Le thym et le romarin sont au clavecin
Les pâquerettes et la ciboulette cliquettent
Le tuyau d’arrosage donne le la
L’orchestre est là
La scène s’illumine
Le ver luisant est aux machines
Sous les applaudissements
du potager en folie
S’élance le hérisson
Il glisse sur un lac de cygnes
Ah, fait l’hortensia
Eh, fait le poirier
Sur la scène le hérisson
N’entend pas les encouragements
Il multiplie pointes
Sauts et entrechats
Avec grâce et majesté
Effleure à peine la mousse
Et quand après un dernier saut
Il retombe sur le dos
L’orchestre fait silence
Les fourmis font l’ambulance.
Anne Mai 2020