JARDIN D’EDEN
Le jardinier s’affaire dans son potager,
Détendue, sa femme somnole à l’ombre
Lui, plante, bine, courbé, penché
au dessus du sillon où il récolte les concombres
Les papillons virevoltent, frôlant son chapeau,
les abeilles butinent sans relâche, du pollen plein les pattes,
Les guêpes cherchent la fraîcheur sur le plan d’eau,
La tonnelle offre sa floraison délicate
Une légère bise fait danser les fleurs et leurs corolles,
Avec souplesse et élégance, elles se redressent
Puis chaloupent en de multiples cabrioles.
Leur parfum s’évade par dessus les haies.
La femme se lève et son panier au bras,
Se promène dans le jardin japonais
Remède à la mélancolie et aux tracas
Elle emprunte le petit pont de bois joli à souhait
Tout en cueillant avec délicatesse les roses orangées,
Elle hume leur senteur avant de les déposer
Dans le panier en osier tressé bien usagé
Et compose ainsi tout un bouquet très parfumé
La lumière faiblissent, les ombres s’allongent,
Il faudra bientôt mettre les outils à l’abri
Binettes, pelles, crocs, arrosoirs attendront
Le lendemain pour ôter encore quelques débris
Le jardinier et sa femme s’installent sur la terrasse,
écoutant avec bonheur le chant des oiseaux,
Le rouge-gorge, le pic vert et la pie qui jacasse,
Mettent de la musique et improvisent un tango
Françoise Macy
PARADIS TERRESTRE
Les fleurs aux couleurs arc en ciel s’épanouissent
Le jardin des simples exhale ses parfums
Coriandre, persil, estragon et thym
Aromates tant prisées par Danielle quand elle cuisine
C’est un paradis terrestre, que les insectes apprécient
Les abeilles butinent et se désaltèrent au bassin
Les fleurs aux couleur arc en ciel s’épanouissent
Les arbres distribuent leur ombre quand le soleil brûle
L’ escarpolette destinée autrefois aux bambins
Oscille doucement au rythme du vent marin
Les oiseaux, cachés dans les massifs, pépient
Les fleurs aux couleurs arc en ciel s’épanouissent
Françoise Macy
LES PETITS RATS DE L’OPÉRA
La balançoire oscillait doucement au milieu du jardin
Lors de la pause, les petits rats de l’opéra avaient rejoint les bancs
Comme un essaim d’abeilles aux rires féminins,
Les petits tutus roses étaient devenus blancs
A présent, les chaussons de danse s’éparpillaient
Comme des pétales de roses près du bassin
Leurs lacets dénoués s’entortillaient
La balançoire oscillait doucement au milieu du jardin
Comme la danse nuptiale des oiseaux,
Les fillettes se courbaient dans un même mouvement,
Semblables au cygne glissant sur le plan d’eau
Lors de la pause, les petits rats de l’opéra avaient rejoint les bancs
Danser, danser, sauter, valser, virevolter, s’amuser,
Soudain, les chaussons roses se levèrent enfin,
Entrèrent sous la tonnelle dans une ronde effrénée,
Comme un essaim d’abeilles aux rires féminins
En se mouvant, les herbes folles devinrent grimaces
Les outils frappèrent le sol pour rectifier les rangs,
On assistait à une nouvelle version de l’apprenti sorcier de Dukas
Les petits tutus roses étaient devenus blancs
Les plantes odoriférantes embaumaient l’air
Les rires de fillettes s’échappèrent lentement
Le jardin se retrouva subitement sans cavalière
Demain, les petits rats reviendront rire et danser devant
La balançoire qui oscille doucement
Françoise Macy