Avant de répondre à la demande de cette semaine, je tiens à te remercier, Cathy, de toutes les consignes que tu nous as concoctées. Elles m’ont permis d’oublier, durant le temps d’écriture, le confinement et ses difficiles interdictions. Elles m’ont bien souvent vue soupirer devant l’exigence, m’ont poussée dans mes retranchements, mais chaque fois, elles ont comblé le vide et l’absence. L’écriture, bouée de sauvetage pour bien des maux, l’est plus encore lorsqu’elle est partagée. Rarement satisfaite de mes propres textes, j’étais ravie de lire ceux des amis et d’échanger avec eux mon ressenti.
Cette « fricassée « de textes si différents, si colorés, si stupéfiants parfois sera ce que je retiendrai de ces semaines d’écrits virtuels. Alors, Merci à toi Catherine pour le travail que tu t’es donné afin de nous permettre une belle échappée. Je compte faire un petit recueil de certains textes, ou de tous, en souvenir de cette période si particulière.
A présent, faire un choix dans mes textes s’avère compliqué, l’auteur peut être dépité devant son texte quand le lecteur lui l’apprécie. Je vais néanmoins répondre à la consigne, sachant que le choix est ardu, car rarement enthousiaste par mes écrits, je ne vais avoir que l’embarras du choix pour celui que j’ai le moins aimé.
Celui qui m’a vraiment déplu :
Texte sur la photo de Gustave Le Gray :
La photo retenue représente un magnifique paysage qui mérite une analyse détaillée, ce que je n’ai pas fait. Mon texte survole le lieu, oublie l’atmosphère, rien n’est approfondi, manque de qualificatifs. La phrase que j’avais retenue « Ma philosophie est simple : difficile de se perdre quand on ne sait pas où on va », n’est pas exploitée, il y avait de quoi développer, mais mon personnage exprime cette réflexion avec beaucoup trop de simplicité. Là encore, il aurait fallu donner plus d’importance aux mots. .La pensée philosophique est juste effleurée en fin de texte. C’est insuffisant.
Dans la même consigne, Victor Hugo par Nadar :
Au moment de la consigne, je venais de terminer la lecture d’un livre sur les 24 h précédant la mort de Victor Hugo et ce livre m’avait beaucoup plus. J’ai donc, instinctivement, choisi la photo de l’écrivain sur son lit de mort. Ayant retenu la description de ces deux jours avant son décès, les phrases me sont revenues, toutes faites, impersonnelles. Je n’ai pas su écrire avec mes propres sentiments, ce que la phrase choisie « l’amour ne veut la durée, il veut l’instant ou l’éternité » voulait exprimer. Le texte est d’une platitude assez déconcertante, alors que cette photo était pour moi, celle qui correspondait le plus à la phrase choisie.
Ces deux textes m’ont déçue immédiatement à ma relecture, mais l’inspiration devait être elle même confinée dans mon cerveau, car je n’ai pas réussi à améliorer.
Texte que j’ai aimé : c’est le dernier « le temps des cerises »
Habituée à faire des concours de nouvelles, où la règle souvent est de construire un texte avec deux personnages maximum, c’est donc celui là que j’ai retenu. De plus, j’aime décrire des personnes âgées ou des enfants, nouant les deux parfois.
J’ai rédigé « le temps des cerises » avec comme seul personnage, un vieil homme, Arthur, et j’ai apprécié sa collaboration tranquille.
Ce qui en fait mon choix, réside dans la possibilité et l’envie de poursuivre l’aventure avec lui. Il me reste de nombreuses semaines à partager avec lui, j’ai eu du mal à le quitter aussi brutalement. Comment vit-il le confinement ? Est-ce difficile ? Comment occupe-t-il son temps ? Est-il malade ou Margot ? Les voisins ? Toutes les questions sont déjà inscrites dans la marge d’une page imaginaire pour l’instant, mais elles sont là. Si le temps libre le permet, je continuerai l’histoire à ses côtés.
Je n’écrirai pas 300 pages, Cathy, mais je vais cheminer encore sur le chemin de l’aventure, sans savoir où il me conduira ; à aujourd’hui, je n’en n’ai aucune idée, comme le signalerait Joël Dicker, c’est bien ainsi.
C’est le seul texte qui procure ce besoin, je pense que la consigne n’y ai sûrement pas étrangère.
Alors, grand merci Catherine, si grâce à toi, Arthur revoit un jour « le temps des cerises »